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 Manque - Partie IV [Terminé]

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Manque - Partie IV [Terminé] Vide
MessageSujet: Manque - Partie IV [Terminé]   Manque - Partie IV [Terminé] EmptyMar 14 Juin 2011 - 0:34

La lumière du candélabre vieillissant éclairait avec peine l'ensemble du Refuge. Les voyageurs buvaient non sans morosité leurs pintes de bières servies par le patron, dont la mine était également triste et renfrognée. C'était une auberge pour les voyageurs, le tenancier étant lui même humain. Cëryl aperçut quelques autres gens de son espèce et un nain, à l'air passablement ivre, qui se balançait sur sa chaise en émettant quelques rots bruyants. Le gérant lui lança un regard noir qui le fit cesser de s'agiter aussi vite qu'il avait commencé. Cëryl se sentit presque idiot quand il croisa le regard de son interlocuteur alors qu'il devait regarder autour de lui depuis plusieurs dizaines de secondes.

L'homme, un vagabond du nom de Danwë, l'avait abordé une heure auparavant alors que Cëryl peinait à remplir son gobelet d'eau de sa main encore valide. Surpris par l'altruisme du voyageur, qui l'avait aidé à se servir et lui avait proposé de rester avec lui pour discuter, si l'envie lui venait, le jeune mage avait accepté aussitôt. Il avait bien vite appris que l'homme n'était âgé que de quelques années de plus que lui et qu'il aimait lui aussi découvrir le monde à la recherche de choses nouvelles. Il cherchait à parcourir la forêt d'Aranwë en long en large et en travers dans l'optique de satisfaire sa curiosité dévorante. Cëryl ne lui cacha pas que cette passion était similaire à la sienne, et qu'il serait ravi de raconter ses voyages à un explorateur tel que lui. Le jeune mage lui fit alors la description de plusieurs lieux qui l'avaient émerveillés, tant par leur beauté que par leur atmosphère, comme celle des marais l'Ulaun qu'il avait trouvé sombre et envoûtante par son charme mystérieux. Leur dialogue dura quelques heures, au cours desquelles le vagabond aida le mage à se resservir à quelques reprises, non sans remarquer l'épais bandage qui recouvrait tout son bras gauche, celui qui pendait mollement le long de ses côtes, ainsi que la balafre en voie de cicatrisation qui lui recouvrait une partie de la joue droite. Comme eur discussion commençait à s'essouffler et Cëryl se mettait à observer tout ce qui se passait autour de lui, l'air vaguement ennuyé, Danwë exprima ses interrogations à ce propos.

« Cëryl, voudriez-vous me dire comment vous vous êtes blessé ? Veuillez m'excuser si ma question vous semble hors de propos, mais vous avez l'air de grimacer dès que votre bras gauche heurte à peine la table. Sans parler de toutes les déchirures sur votre étoffe... »


Cëryl lui adressa un sourire en coin avant de répondre, l'air nullement affecté par cette démonstration naturelle de curiosité.

« Et bien, pour faire court, j'ai eu un léger accident et j'ai fait une mauvaise chute très récemment... En conséquence, je ne pense pas pouvoir bouger mon bras avant au moins deux semaines. J'ai une très vilaine coupure, c'est pourquoi je le bouge à peine. Je l'ai désinfecté, mais la douleur persiste encore, je ne vais pas tenter le diable. »

Danwë parût satisfait de la réponse, il s'inquiétait juste de l'état de la blessure. Il ne chercha pas à développer, et le débat animé sur le plus bel endroit jamais vu par les deux jeunes hommes reprit de plus belle. Le vagabond finit par demander s'il pouvait voir le carnet de voyage dont Cëryl parlait tant. Celui-ci acquiesça et sortit de sa sacoche - également déchirée par endroits mais rafistolée au moyen d'un peu de ficelle - un bloc jaunâtre déformé, dont l'aspect rappelait celui de la chair en décomposition.

« Je suis désolé, il est tombé à l'eau. D'ailleurs certains de mes croquis ont été effacé à cause de ça... Mais un certain nombre ont été conservé, un coup de chance. Enfin, si vous estimez qu'ils en valent la peine. »

Le voyageur éplucha délicatement les pages, pour ne pas abîmer davantage le vestige de journal, lisant et regardant avec intérêt les pages rescapées du cataclysme. Il semblait se régaler spirituellement, ce qui flatta le mage. Par moments, il laissait échapper d'entre ses lèvres un « c'est intéressant » ou bien « Vertigineux ! ». Lorsqu'il parvint cependant à la dernière page écrite, Cëryl le lui arracha presque violemment des mains, dans un mouvement brusque du bras droit qui se répercuta dans le gauche avec force et douleur. Il s'excusa l'instant d'après :

« Excusez moi Danwë, j'avais oublié cette page, je tiens à ce que personne ne la lise pour l'instant. »

Un clin d'œil complice fit comprendre à Cëryl que le vagabond avait aperçut de quoi il s'agissait. Il hocha la tête et s'exclama, un grand sourire au garçon :

« Un poème hein ? Et vous souhaitez le déclamer à la belle en question bientôt ? »

Le feu monta rapidement aux joues du mage qui baissa les yeux et sourit bêtement pendant quelques secondes. Une fois remis de son trouble passager, il déclara alors :

« Et bien... C'est en fait elle que je cherche en ce moment... C'est la raison de mon voyage par ici... Pour une fois ce n'est pas une simple envie de nouveaux paysages. Je suis amoureux. » termina-t-il en détournant le regard une nouvelle fois.

Danwë partit alors d'un rire franc et chaleureux, et Cëryl comprit qu'il ne se moquait pas de sa quête mais de sa timidité soudaine qui contrastait avec son ouverture habituelle, de façon presque irréelle. Depuis sa mésaventure en forêt il n'avais pas eu beaucoup l'occasion de rire, ou tout du moins de sourire, et voilà qu'une rencontre fortuite lui mettait du baume au cœur. Cëryl se mit à rire à son tour, et les deux hommes rirent ensembles les instants qui suivirent. Quand la petite crise fut passée, Cëryl constata l'heure et s'apprêta à faire ses adieux au vagabond. Mais celui-ci prit les devants.

« Je crois qu'il est l'heure de nous quitter. Ce fut un plaisir de vous rencontrer Cëryl. Puissent nos routes se croiser à nouveau, je l'espère... Je vous rend ceci, dit-il en tendant à la main valide du mage son journal de route empestant l'humidité. Je prie pour vous et votre bien aimée, puissiez-vous également la retrouver. Je compte me diriger vers Mannheim. J'ai prévu de faire route de nuit, je pars dès à présent... Nous nous retrouverons peut-être un jour parmi les gens de la capitale. Portez vous bien, Cëryl. »


La porte de l'auberge claqua dans un courant d'air, une bougie du candélabre s'éteignit, plongeant un peu plus l'auberge dans l'obscurité. Cëryl demanda où était la chambre qu'il avait payé avec ses dernières pièces, monta ensuite au deuxième étage la retrouver, s'y enferma et s'endormit aussitôt sur le lit douillet. Adrena était proche à présent, il en était sûr, et il n'avait plus une minute à perdre.


Dernière édition par Cëryl Eludia le Dim 19 Juin 2011 - 21:47, édité 1 fois
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Manque - Partie IV [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Manque - Partie IV [Terminé]   Manque - Partie IV [Terminé] EmptyDim 19 Juin 2011 - 21:42

Lleya se tenait assit sur un des nombreux rochers qui surplombaient la cascade grondante. Chacune des gouttes d'eau qui se jetait du haut de la chute s'écrasait avec violence à la surface du fleuve en contrebas. Dans son rêve il faisait nuit, bien que l'évènement avait eu lieu en pleine journée, et Lleya, comme toujours, demeurait la même entité lumineuse qu'il ne pouvait pas regarder directement sans se brûler les yeux... Il savait cependant qu'il s'agissait de lui, et était persuadé qu'il était assis devant lui, le regard plongé vers l'écume qui s'agitait en dessous de lui. Il n'y avait d'autre bruit que celui de la chute impressionnante qui avalait tout ce qui pouvait bien se laisser porter par le courant. La lumière de la lune pleine, quoiqu'un peu voilée par des nuages égarés, se reflétait sur les remous et l'image de l'astre stellaire subissait des spasmes déchirants, sans cesse agressée par l'impact des flots ravageurs. La cascade marquait ainsi le contraste entre l'harmonie et la rudesse des éléments, spectacle à la fois paradoxal et merveilleux.
Les rocs étaient dressés hors de l'eau comme des ailerons de requins, menaçants, tranchants, ils formaient un anneau autour du flux d'eau s'écoulant sans répit, un bijou plutôt monstrueux aux yeux des voyageurs puisqu'il faisait penser à des dents, des dents entourant une gueule énorme et vomissante. L'eau recouvrait beaucoup d'autres rochers, tout aussi pointus et dangereux, les dissimulant totalement aux yeux des imprudents. Cette entité titanesque était un paysage agréable à regarder mais également une créature meurtrière, hargneuse et sans pitié qui précipitait à la mort tout ce qui l'approchait de trop près. On dit que la nature est cruelle, mais dit-on que ce sont les cascades qui sont à l'origine de cette expression ?

Cëryl n'avait nullement la possibilité de disserter sur cette question, qu'il ne se poserait bien plus tard, lorsqu'il se réveillerait sur la berge, mourant mais heureux d'avoir survécu, pensant à Adrena de toutes ses forces, s'accrochant mentalement à son image, à son effarante beauté, à son sourire séducteur et ses paroles suaves... Le mage en quête d'amour courait pour échapper à la meute affamée dont il était la proie. Encerclée par les bêtes, il s'était résigné au combat, perdu d'avance, et pour cause une magie insuffisamment puissante qui n'aurait pu les tuer toutes en même temps. Il s'était alors élancé en direction de la chute, sans avoir un seul instant estimé sa hauteur, qu'il supposait relativement petite. A mesure qu'il courait, foulant l'herbe mouillée par les éclaboussures du fleuve sur les rives, il sentit grandir dans son cœur une sensation effroyable d'angoisse, en écoutant l'intensité du bruit que produisait le choc de l'eau contre l'eau, semblable à un grondement sans fin. Chaque mètre parcouru faisait croître sa peur, et il se demandait de plus en plus s'il ne ferait pas mieux de se retourner et de faire face aux stupides animaux, peut-être qu'une lutte acharnée suffirait à les faire détaler... Mais il jugea préférable de continuer, ou plutôt il ne voulait pas s'arrêter, il se sentait appelé par Lleya et le Monstre, il savait qu'il n'avait déjà plus le choix depuis l'instant où il avait ressenti pleinement sa volonté de survivre.
Les arbres autour de lui défilaient à toute allure, il avait atteint une rapidité prodigieuse, poussé par le désir de survie et celui de se prouver à soi-même qu'il pouvait affronter la mort en face sans crainte, car sa volonté était inaltérable. Ce fut à une vitesse qui dépassait de loin celle des hyènes qu'il amorça son saut, sentant la terre disparaître de sous ses pieds et le vide la remplacer aussitôt.

Dans son rêve, la scène se déroula au ralenti. Il sentit tout d'abord la silhouette du grand mage, scintillante, le fixant dans son dos, peut-être stupéfait, peut-être un petit sourire en coin... Qu'en savait-il ? L'instant lui paraissait irréel. Il n'était plus relié au monde, il était au dessus du monde, défiant la nature de le tuer, la regardant de haut. Il sentit ses cheveux se décoller de sa boîte crânienne, attiré vers le ciel alors qu'il entamait sa descente fantastique. En tombant, il se rapprochait de la chute d'eau destructrice, sentant d'abord quelques gouttes d'eau lui atterrir sur les joues, puis de plus grosses quantité du liquide lui recouvrirent les cheveux, le dos, les jambes, avant de le submerger entièrement. Il fut alors englouti, un de ses bras fut brutalement tiré en arrière tendit qu'une forte pression lui appuyait sur le crâne, les épaules, et que sa jambe frottait la paroi rocailleuse. La douleur vint aussitôt, intense et cinglante, il comprit qu'un lambeau de sa chair venait de lui être arraché, et que son bras venait de subir une profonde entaille... Il ne cria pas malgré cela, non pas parce qu'il ne le voulait pas mais parce qu'il ne le pouvait tout simplement pas, l'eau s'engouffrant dans sa gorge lorsqu'il essaya d'ouvrir la bouche. D'instinct, il comprit que le contact avec les remous quelques dizaines de mètres en dessous lui serait fatal : il serait compressé et entrainé instantanément vers le fond du fleuve, n'ayant pas suffisamment de force et d'endurance pour remonter à la surface. Douleur, inaptitude à survivre. Désespoir. Déception. Une éternité de regrets. Ce fut la « goutte d'eau qui fit déborder les bornes »; les yeux du mage étincelèrent et il concentra toute la magie de son corps sur l'eau qui l'enveloppait, créant de ce que son pouvoir lui permettait un fin bouclier autour de son corps, insuffisant pour le protéger des pics le tailladant de toute part mais au moins de l'oppression aqueuse tout autour de lui. Il heurta la surface furieuse.

L'onde de choc disparût aussi vite qu'elle avait commencé. Cëryl ne vit plus que l'obscurité alors que le froid mordant s'immisçait en lui, malgré sa fine armure élémentaire. Il sut qu'il était sauvé lorsqu'il s'aperçut qu'il n'avait pas coulé trop profondément grâce à son sort, et qu'un effort prolongé lui permettrait de rejoindre la surface. Il esquissa un mouvement de bras pour nager mais le membre sanguinolent ne bougeait plus. Sa jambe aussi, pesait comme une enclume et chaque fois qu'il tentait de la bouger, un frisson de douleur lui parcourait l'échine. Le sang qui s'écoulait de ses plaies l'entourait, le narguait, et s'il avait fait jour, n'importe quel observateur sur terre ferme aurait pu apercevoir avec horreur la teinture rouge qui s'étalait sur la surface du fleuve. Le jeune mage savait nager depuis qu'il était enfant, son père l'amenant parfois, lorsque la saison s'y prêtait, se baigner sur les rives du lac qui séparait Mannheim de Lleya. Mais l'état de Cëryl ne lui permettait pas de se mouvoir correctement, et ses forces déclinaient à chaque seconde, secoué par les flots coléreux. Dans un ultime effort, il tenta de remonter avec un seul bras tout en poussant derrière lui, à intervalles réguliers, de son pied valide. Sa douleur s'aggravait, sa vue se troubla mais il sentit néanmoins qu'il touchait au but. Sa tête émergea et il inspira un grand bol d'air, s'étouffant à moitié. Par chance le courant le portait doucement vers un bout de la rive, et il le laissa faire, peinant pour demeurer hors de l'eau, agitant fébrilement son bras gauche. Son genou toucha la terre, il s'extirpa du fleuve en rampant et s'évanouit. Quand il se réveilla, la lumière du soleil illuminait


son visage et il mourait de faim. Encore un rêve où le grand sage était apparu. Une vision du passé, cette fois, aucun signe, rien qu'il n'eut pu juger prémonitoire. Il ne lui restait que la sensation d'avoir échappé à une mort tragique, retentissant encore au fond de son cœur, lui faisant battre la chamade. Les draps du modeste lit étaient trempés par la sueur qu'il avait produit toute la nuit, aussi trempés que ses habits après son terrible plongeon. Assis sur le bord de la couche, il méditait sur ce à quoi il avait échappé. Sa main caressait sa cicatrice au visage, une balafre peu profonde qu'il s'était faite à son insu lors de la chute, et qui mettrait probablement plusieurs semaines à disparaître. La pièce qui l'entourait le fixait, lui, le rescapé miraculeux. L'essence des meubles en bois, simples travaux de menuisier, appartenait à cette même nature qui se pouvait se révéler également blessante et mortelle. Le plafond allait-il s'écrouler un beau jour, sous l'agression subite d'une tornade dévastatrice, tuant ainsi tous les locataires de l'étage ? En regardant le soleil levant par la petite lucarne, Cëryl songeait à la mort, à sa fatalité, et à son imprévisibilité. Il avait été trop sûr de soi, il s'était senti invulnérable, il s'était senti pousser des ailes... A cause de cema, il était à présent dans un lamentable état et il se dit qu'il aurait eu plus de chances à affronter les hyènes, quitte à subir quelques morsures. Il était de nature avéré - d'après ses diverses lectures - que les hyènes ne s'attaquaient pas à plus fort qu'elles, qu'elles étaient peureuses, et un peu de bravoure aurait probablement suffit à les faire partir. A l'inverse, le jeune homme avait préféré croire en la chance que croire en lui. Il se sentait idiot. Et il avait peur pour Adrena, qui mettait bien plus sa vie en jeu, et par cela la mort la menaçait davantage. Ce qui le rassurait quelque peu, c'était qu'elle avait aussi une très forte personnalité et une bravoure à toute épreuve, ajoutées à sa grande intelligence, des conditions parfaites pour mieux faire face aux hasards douloureux de la vie. Il enviait une telle détermination, et il espérait bien pouvoir imiter la jeune femme un jour ou l'autre, s'il la retrouvait.
Il était à présent pour lui l'heure de chercher de nouveaux indices. Il se leva et traversa la chambre, s'empara de son sac rapiécé jeté sur une chaise et sortit.

Dehors Lome-Lith était calme, comme il pouvait s'y attendre. La majestueuse tour de miroirs qu'il apercevait, depuis la rue du Refuge, semblait décalée du reste de la grande bourgade, bien moins impressionnante que la capitale Alfheim. L'ensemble de la ville respirait la tranquillité et revêtait l'apparence d'une simple cité humaine. La tour était le seul emblème qui symbolisait la beauté elfique, célèbre à travers tout Yggdrasil. Quelque chose de sacré, de divin, semblait illuminer le monument... Cëryl avait lu dans un livre, une fois, qu'il s'agissait d'un lieu de culte pour les villageois elfiques. Il n'avait cependant pas le loisir de visiter, et se mit à la recherche de la chevalière. Malheureusement pour lui, le destin lui rejoua une seconde fois le coup dur d'Alfheim, il ne vit nulle trace de son amie. Davantage d'étrangers vivaient à Lome-Lith, et bien qu'il puisse les interroger avec plus d'aisance que les elfes, souvent hautains et déplaisants, aucun des autres humains ne lui donnèrent réponse satisfaisante. Il traversa plusieurs ruelles mal famées et faillit se faire agresser plusieurs fois, mais une simple étincelle dans sa main suffisait à refroidir les ardeurs de certains brigands. A midi, il retourna au Refuge pour manger quelque chose, son ventre grondant et réclamant sa part journalière.

L'aubergiste reconnut son client de la veille, et tandis qu'il lui tendait une assiette et un verre d'eau, il perçut alors sa morosité apparente. L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, tenait son auberge depuis bien longtemps et, bien que sachant se faire respecter des alcooliques notoires, savait tout aussi bien aider son prochain quand il en avait l'occasion.

« Et ben qu'est c'qui lui arrive au ptit gars ? » s'exclama-t-il d'un ton chaleureux.

Cëryl leva les yeux, il avait à peine relevé que l'on s'adressait à lui.

« Un souci ptet ? J'peux aider gamin ? »

La vulgarité de l'aubergiste ne choquait même pas le mage, après tout, tout le reste de l'auberge était ainsi. L'endroit puait l'alcool, le tabac et la misère : de nombreux vagabonds, bien moins soigneux que son ami de la veille, faisaient halte au Refuge et y laissaient mariner leurs affaires aux odeurs infâmes. En un jour, Cëryl s'était habitué, et en l'instant présent, l'atmosphère était le cadet de ses soucis. Observant l'air hébété du gros bonhomme, il se dit qu'exposer sa situation ne lui ferait pas de mal.

« Je ne pense pas, non. Je suis à la recherche d'une chevalière de l'armée du roi, originaire de Mannheim. J'ai entendu dire qu'elle pourrait se trouver dans cette ville mais je ne l'ai aperçu nulle part pour le moment. Je suis un peu déprimé. »

L'aubergiste fronça les sourcils. Il appela soudain le vieux nain que Cëryl avait vu la journée précédente, occupée à se saouler dans le même coin de la pièce.

« Gulin ! Viens là, porc lubrique ! »

Le petit être descendit de sa chaise et s'approcha en titubant. Il n'avait pas un coup dans le nez, mais au moins le triple. Son haleine empestait la bière et Cëryl déglutit lorsqu'il arriva tout près de lui. L'aubergiste le regarda, visiblement dégoûté, et prit la parole.

« Gulin, vieux pervers, tu te rappelles de l'humaine d'hier ? Celle qui avait une armure... Ne prends pas cet air étonné, tu mattes toutes les rares femmes qui s'arrêtent ici... Tu t'en rappelle oui ou merde ? »

Alors que Cëryl écarquillait les yeux, incroyablement surpris par les propos de l'aubergiste, le nain à l'odeur nauséabonde rota bruyamment, se passa une main sur la bouche et voulut parler... Il semblait faire tous les efforts du monde pour articuler deux mots.

« Ben euh... Ouais j'm'en rappelle... Un sacré brin d'femme celle là... Elle est r'partie aussi vite qu'elle est v'nue... J'en sais pas plus moi. »

L'aubergiste lui lança un regard mauvais : « T'fous pas de moi Gulin, je sais qu'dès que des seins franchissent cette porte, tu mets tout en œuvre pour savoir à qui ils appartiennent... Pour... Éclairer tes fantasmes. Me la fais pas à moi. Qu'est c'qu'on t'a dit sur elle ? »

Le nain eut l'air contrit un bref moment, mais devant l'air menaçant qui le fixait, il préféra donner une réponse plus satisfaisante au tenancier.

« D'acc', d'acc'... Y a l'vieux Jill dehors, qui m'a dit l'avoir vu prendre la sortie nord... Il pense qu'ça à rapport avec les contrebandiers, tu sais... Il voit pas bien c'que ferait quelqu'un de Mannheim ici à part pour ça... Rapport à la fille kidnappée, tu sais. »

Le tavernier repoussa le nain d'un geste brutal, et celui-ci alla s'étaler de tout son long sur le plancher de la taverne, après avoir zigzagué de nouveau quelques mètres. Il ronfla presque aussi tôt et l'aubergiste eut, tout comme le mage, une grimace de mépris. Il le laissa pourtant gésir là où il était et reporta son attention sur son client.

« Ben la vla vot' réponse mon ptit gars... Mais j'serais vous j'm'approcherai pas trop d'la baie par les temps qui courent, les contrebandiers en question sont des fous dang'reux. Parole. Il paraît qu'ils ont massacré un gosse qui jouait trop près d'leur bateau. »

Cëryl ne put s'empêcher de se récrier :

« Vous savez pertinemment qu'il y a des bandits à côté de la ville et personne ne fait rien ? »


L'aubergiste parut désappointé et eut un sourire gêné :

« Vous savez... La plupart des elfes, ils s'fichent pas mal des humains... Et comme il semble qu'les bandits s'en prennent qu'à ceux d'not' race... Ben c'est pas leur principale priorité... Pis nous ben, on est trop faible pour s'battre contre eux, c'est des assassins vous savez. »

Cëryl ne comprenait pas ce manque de justice, mais il n'en tenu pas rigueur. Il était excité par ce qu'il venait d'entendre. Pour la première fois depuis des jours, il était sûr et certain qu'il touchait au but. Il remercia le patron, enjamba le corps de l'ivrogne, et sortit de l'auberge pour la deuxième fois de la journée, d'un pas précipité, sans même avoir fini son assiette.

« Je repasserai bientôt payer ma note, vous en faites pas. »

C'était l'heure de vérité.
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